Déshabille-toi, voyons. N’es-tu pas fatigué ?
Il faut que je travaille.
Couché ?
Je vais faire de la menuiserie.
(Il se lève et sort. Émilie est toujours derrière le paravent et sanglote. Charles rentre avec une boîte à outils. Il l’ouvre, en tire un marteau, des clous, un rabot, une scie, etc. Il se met à raboter le bois du lit.)
Charles ! Es-tu devenu complètement fou ? Tu rabotes ce lit, à présent.
Oui, je rabote ce lit.
Il est fou ! Il est complètement fou !
(Elle se jette sur l’autre lit et éclate en sanglots. Charles, après avoir enlevé son veston, continue son travail consciencieusement, en chantant. Il emploie tantôt la scie, tantôt le marteau et les clous, mais toujours avec une irritante lenteur.)
Frappe, frappe, pour la défense
De ton pipi, de ton papa.
Il faut son épée à la France,
Il faut son fusil au soldat !
(Soudain la mère se dresse et bondit comme un chat sur le dos de Charles. Charles d’un coup d’épaule s’en débarrasse. Émilie tombe, ramasse un marteau, et se rue sur Charles le bras levé.