Page:Vitrac - Victor ou les Enfants au pouvoir, 1929.djvu/90

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Charles la maîtrise, lui arrache le marteau des mains et la porte sur son lit. Puis, minutieusement, il range les outils dans la boîte.)

CHARLES

Là, assez travaillé pour ce soir. Demain je réparerai l’armoire à glace. (S’approchant d’Émilie.) Il me semble que tu as essayé de me tuer, tout à l’heure ?

ÉMILIE

Je ne sais pas.

CHARLES

Tu es toute excusée, Émilie. Mais ne recommence pas, sinon je me verrai dans la pénible obligation de te faire engendrer un nouveau petit Victor.

ÉMILIE

Victor ! (Elle sanglote.) Ne me parle pas de Victor. Non, Charles, pas ce soir, tu l’as dit toi-même, pas ce soir ! Je t’en supplie ! Je suis si fatiguée, si triste, je ne sais plus où nous sommes, ce que tu fais, ce que je fais…

CHARLES

Est-ce la faute de Victor ?

ÉMILIE

Je ne sais pas.

CHARLES

Est-ce la mienne ?

ÉMILIE

C’est la mienne, Charles. Je jure que c’est la mienne. Mais, pour l’amour du Ciel, dormons !

CHARLES

Facile à dire.

(Pendant toute la scène, Charles s’est déshabillé, et s’est mis en pyjama. Émilie s’est couchée. Charles va l’embrasser.)

CHARLES

Bonne nuit, Émilie, fais de bons rêves.