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ANNE BOLEYN

filles de son pays, comme le veut la coutume, et ne pleure que faussement, et par ennui, au milieu de ses filles d’honneur qui, pour la suivre, ont abandonné le pays natal.

Parmi ces filles d’honneur, pour la plupart jeunes et blondes comme leur souveraine, est une enfant brune, maigre et pâle. Mais on admire en elle un beau col long et pareil à la tige d’un lys, et de deux yeux splendides. Et ces yeux sont deux noires étoiles fixées dans un étroit visage brun.

Telle est cette enfant de naissance obscure et négligée, qui plus tard sera la souveraine adorée et toute-puissante du royaume d’Angleterre.

On ne la juge point belle. On ignore cette enfant chétive au long col, aux yeux noirs, cette enfant chétive et dédaignée qui cependant est la future Anne Boleyn.


Mary Tudor, princesse d’Angleterre, est belle et blonde. Elle est aimée d’un poète charmant, Charles Brandon[1], duc de Suffolk, celui-là même qui, plus tard,

  1. Prononcez Brandonne.