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ANNE BOLEYN

gueillis tant de mon exaltation ou de ma royauté[1] reçue que j’oubliai ce changement de ma fortune que je trouve aujourd’hui, car la raison de mon exaltation n’étant autre que la fantaisie[2] de Votre Majesté, le moindre changement d’esprit serait suffisant (je le savais) pour divertir cette fantaisie et l’attirer vers quelque autre sujette.

« Vous m’avez choisie, qui fus alors de basse condition, pour Reine et compagne, bien au-delà de mon mérite et de mon désir. Si, donc, vous me jugeâtes digne d’un honneur tel, ne laissez point quelque imagination ou quelque mauvais conseil de mes ennemis éloigner de moi votre faveur ! Surtout ne laissez cette opprobre non méritée rester sur moi et sur la princesse votre fille, la reine Elizabeth.

« Jugez-moi, mon Seigneur et mon Roi, mais accordez-moi un jugement selon la justice et ne permettez point à mes ennemis d’être tout ensemble mes accusateurs et mes juges. Jugez-moi ouvertement, je vous en supplie, car mon innocence ne craint rien devant un conseil impartial.

« Si vous le permettez ainsi, quel que soit le jugement que vous et Dieu donnerez alors, Votre Grâce n’encourra aucun blâme. »

  1. Queenship.
  2. Fancy.