Page:Vivien - La Dame a la louve.djvu/159

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feuilles et de roseaux, puis l’eau remuée par une chute lourde.

Nell eut un cri de joie lorsque nous découvrîmes à la surface un superbe daim, que je happai par les andouillers et hissai triomphalement dans le canot.

Nell ressaisit la pagaie et nous descendîmes le fleuve en silence.

C’était une belle nuit jaune. Les ténèbres ressemblaient à des couches d’ambre très épaisses. La lune ruisselait, telle une coulée d’or en fusion. Et les étoiles au fond du fleuve étincelaient ainsi que les paillettes d’une jupe d’arlequine.

En moi pleurnichait sottement quelque chose de sentimental. Si l’histoire du crapaud ne m’eût trotté encore dans la cervelle, j’aurais aimé Nell, à cet instant, d’une tendresse passionnée. Je ne sais pas tourner de longues phrases, mais j’aurais pris sa main entre les miennes, et