Page:Vivien - La Dame a la louve.djvu/30

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La marche somnolente des mulets berçait agréablement mes songes.

Nous étions en pleine prairie… Devant nous, un désert d’herbe pâle. Derrière nous, un océan d’herbe pâle. Autour de nous rôdait la Soif. Je voyais remuer ses lèvres sèches. J’entendais ses grelottements de fièvre. Polly, la garce aux cheveux de paille, ne la voyait point, ce qui, d’ailleurs, n’a rien d’étonnant. Polly n’a jamais pu voir plus loin que le bout de son nez rouge de grand air et de soleil.

Je me retournai sur ma selle, en tirant avec force les rênes.

« Pourquoi t’arrêtes-tu ? » me demanda Polly.

« Je regarde la Soif. Sa robe est grise comme l’herbe sèche là-bas. Elle grimace. Elle ricane. Les contorsions de sa carcasse me font peur. Elle est bien laide, la Soif. »

Polly haussa lourdement ses lourdes épaules.