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Page:Vivien - La Vénus des aveugles, 1904.djvu/117

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LA VÉNUS DES AVEUGLES

L’été brun s’abandonne en des langueurs jalouses,
Et les Mangeurs d’Herbe ont défleuri les pelouses.

Ils mastiquent le trèfle à la saveur de miel
Et les bleuets des champs plus profonds que le ciel.

Innocents, et pareils à la brebis naïve,
Ils ruminent, en des sifflements de salive.

Indifférents au vol serré des hannetons,
Nul ne les vit jamais lever leurs yeux gloutons.

Et, plus dominateur qu’un fracas de victoires,
S’élève grassement le bruit de leurs mâchoires.