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LA VÉNUS DES AVEUGLES

Le mystère a masqué son visage inconnu.
Les yeux du silence et les yeux du rêve
Ont seuls contemplé son corps sombre et nu,
Tel un ténébreux soleil qui se lève.
Elle a méprisé l’aurore et ses fards
Et le soir couché sur les nénuphars :
Car son orgueil ne veut que la ferveur du rêve.

Les Aveugles se sont traînés à ses genoux,
Et parfois, levant leur paupière rouge,
Semblent adorer un dieu sans courroux…
Et nul ne gémit et nulle ne bouge,
Mais, dans une extase où meurt le désir,
Où la main se tend et n’ose saisir,
Une larme a coulé de leur paupière rouge.