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MOÏRÔ

Sois placée sous le portique d’or de l’Aphrodita, ô grappe, pleine de la sève de Dionysos : ta mère, t’ayant fait naître sur le sarment aimable, ne produira plus sur ta tête sa feuille de nektar.


Ô grappe, que l’ardeur des soirs ensanglanta
De chauds reflets, repose en ta pourpre moirée,
Sous le portique d’or de la Maison sacrée
Où, les yeux triomphants, règne l’Aphrodita.

Tu bleuissais parmi les fauves chevelures
Des Bacchantes, ô grappe à l’haleine de miel !
Par les soirs opulents, où la terre et le ciel
N’étaient plus qu’un verger bourdonnant de murmures.

La vigne, qui berçait ton odorant sommeil,
Ne te courbera plus sous l’étreinte des vrilles,
Et tu n’offriras plus aux brunes jeunes filles
Ta coupe où débordait la sève du soleil.