sie mélancolique du Regret et du Passé que cette enfant dont la jeunesse s’entr’ouvrait…
L’Amie de Myrô ne devait point connaître la paix des souvenirs, ni les méditations du soir au chant de la quenouille. Perséphona l’attendait au fond du crépuscule, parmi le chœur des vierges sans voix. Un gémissement de thrènes s’éleva sur le seuil jadis enguirlandé de crocus et de mélilot. Lorsqu’elle périt, toutes ses compagnes,
d’un fer fraîchement aiguisé, coupèrent la force de leurs désirables chevelures.
Les épitaphes composées en son honneur forment une gerbe funéraire d’une merveilleuse senteur. Leur attribution étant plus qu’incertaine, n’est-il point doux et souverainement poétique de leur donner pour auteurs Damophyla, Télésippa, Euneika et Anagora, les compagnes harmonieuses de la Morte aux cheveux blonds ?…
Éranna semble avoir reçu le redoutable don de prophétie que les Poètes portent en eux. On devine le pressentiment de son prochain trépas à travers la sombre beauté de ce vers final :
De ce côté, le vain écho traverse à la nage (le Fleuve) vers l’Hadès ; le silence (demeure) chez les Morts, et l’ombre s’empare des yeux.