Page:Vivien - Les Kitharèdes, 1904.djvu/89

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
65
ÉRANNA


Au delà des rouges collines
S’irisent les embruns :
Tu souris aux mains enfantines
Que baignent les parfums,
Aux mains qui, par les soirs d’opales,
Gravaient ces lettres musicales,
Gazouillant comme les cigales
Ivres de verts parfums.

Les pipeaux qu’un satyre affûte
S’argentent, et le bruit
D’eaux et de feuilles de la flûte
Susurre et coule et fuit.
Ton âme d’amoureuse écoute
Les voix errantes sur la route,
Et, prophétique, elle redoute
L’approche de la nuit.



Cependant elle n’est point perdue pour la mémoire deshommes, ni cachée sous l’aile ombreuse de la nuit noire.


L’heure est ardente et solennelle,
Et Psappha, se penchant
Vers Éranna, pleure comme elle
L’Adonis du couchant.