sommet de sa gloire, accompagnait vaguement d’une note errante du paktis[1] le chant souverain. L’air du large gonflait les cheveux nocturnes de Psappha[2], et, au loin, dans les pauses du rythme, montait le soupir de la mer. Dika tressait de ses mains souples les roses de Mytilène entrelacées de fenouil. Damophyla de Pamphylia, qui devait plus tard composer une ode sur le modèle de cette parfaite harmonie, écoutait, pareille à une statue de l’Extase ; Gorgò, un peu à l’écart, se souvenait avec mélancolie des heures fanées ; Gurinnò contemplait le « sourire de miel » que célèbrent les vers d’Alcée ; Atthis, l’ondoyante et l’incertaine, cherchait le regard d’Androméda, et, sous l’ombre des pommiers du verger, s’attardaient, ivres de musique et de souvenirs, Télésippa, Mégara, Anagora de Milet, Gongyla de Colophòn, Anactoria et Euneika de Salamine.
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