Page:Vivien - Sapho, 1903.djvu/22

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… En évoquant, à travers les brumes du Temps, les ardeurs sacrées de l’immortelle Amoureuse, ma pensée va vers Atthis, la moins fervente des Amies, peut-être, et la plus aimée. Car c’est pour elle que s’éleva ce divin soupir :

« Je t’aimais, Atthis, autrefois… »

Je me plais à croire qu’elle fut la Beauté fugitive de l’Ode à l’Aphrodita et de l’Ode à une Femme aimée, à laquelle la tradition attache le nom d’Anactoria.

Tsappha s’éprit de toutes les magnificences de la nature : elle aima les fleurs, l’étoile du soir, l’hyacinthe meurtrie qui se fane sur la montagne, la pomme qui s’épanouit sur les plus hautes branches et que la convoitise des passants n’a pu atteindre, semblable à l’inaccessible et désirable virginité, et le duvet de l’herbe du printemps, que foulent en dansant les femmes de la Crète.

L’incomparable Amante fut aussi l’incomparable Amie. Recueillons avec piété cette larme très pure donnée au souvenir d’une petite morte virginale.

« C’est ici la poussière de Timas, que l’azur sombre