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Page:Vivien - Sillages, 1908.djvu/69

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À UNE OMBRE AIMÉE


Ton cœur m’approuvera… Ce vin est délectable,
Ayant mûri dans le soleil d’un très beau jour,
Ces fruits semblent pétris sous les doigts de l’amour,
Une lueur très douce illumine la table.

Ta place habituelle est prête… Viens t’asseoir,
Très chère ! et prends ici ta place accoutumée,
Mon amie aux doux yeux tristes, ma bien-aimée
Pour toi j’ai revêtu mes parures, ce soir…

Mais un souffle très froid entre-baîlle la porte
Et dans mon corps glacé je sens mon cœur transi.
Je ne puis oublier que je suis seule ici,
Que je suis triste et que je n’aime qu’une morte.