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UNE FEMME M’APPARUT…

D’anciennes paroles se répercutèrent dans le silence bleu. San Giovanni les avait murmurées jadis, par un soir de brume.

« L’amitié est plus périlleuse que l’amour, car ses racines sont plus profondes que les racines de l’amour.

« La douleur d’amitié est plus amère que la douleur d’amour. »

Je ne sais pourquoi ces choses du passé m’obsédèrent en ce moment… La pensée parfois s’égare dans les grandes douleurs, elle s’attache à des choses futiles, ainsi qu’un être englouti par l’abîme se raccroche vainement à une touffe d’herbe.

Quelque chose articulait nettement : « Tu vas perdre Ione. Ione va mourir… » Et j’écoutais sans comprendre encore.

Je cueillis, d’un geste d’aveugle, un iris blanc. Je disais « Cette fleur va mourir, comme Ione… Elle meurt déjà, comme Ione… Elle est morte, comme Ione… »

Et soudain, je levai les yeux. Une haute forme noire passait devant moi. Je vis que c’é-