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UNE FEMME M’APPARUT…

ration perpétuelle de cierges fervents, un cercueil virginal parfumé de violettes blanches… Je compris que je voyais le cercueil d’Ione…

Le silence était si mystérieux que les battements même de mon cœur s’étaient tus…

Mais, plus effroyable que le clairon des jugements divins, le bois du grand cercueil craqua. C’était la fermentation de la pourriture.

… Un râle, et un râle encore, et un dernier râle… J’avais cessé d’exister. J’étais une âme dépouillée de son corps. J’étais une masse informe et confuse, sans limites et sans consistance. Je flottais, n’ayant d’autre sensation qu’un grelottement de nudité.

Une pensée surnageait au milieu de ce vide conscient de lui-même, une pensée plus aiguë que le désir et la prière : « Une personnalité ! Un corps ! un nom ! Oh ! redevenir quelqu’un ! Être ce que je fus, quoique j’aie oublié déjà qui je fus ! »

De l’ombre… Et le Néant…