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UNE FEMME M’APPARUT…

« Tu n’es point pareille à Celle que je rêvais, et pourtant je trouve en toi l’incarnation de mes plus lointains désirs. Tu es moins belle et plus étrange que mon rêve. Je t’aime et j’ai déjà la certitude que tu ne m’aimeras jamais. Tu es la souffrance qui fait mépriser le bonheur. Je t’ai vue aujourd’hui pour la première fois, et je suis l’ombre de ton ombre.

« Que ces pierres de lune me plaisent, ces pierres de lune, qui pleurent sur ton sein leurs larmes de lumière ! À travers les plis du tissu d’argent, je devine la beauté nue de ton corps. Tout ce que tu as imprégné de ta grâce énigmatique m’enchante. J’adore ta mystérieuse et pâle chevelure.

« Je serai ce que tu feras de moi. Car tu es la Prêtresse merveilleuse d’un symbole que j’ignore.

— J’aime ton amour, » murmura Vally. « J’ai peur de te comprendre et je tremble de t’attirer irrémédiablement. Mes illusions sont de pauvres clowns qui se regardent grimacer à travers leurs larmes. Je voudrais tant t’aimer !