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UNE FEMME M’APPARUT…

« Vally, » murmurai-je à travers la brume, « Vally »… Son nom revenait sur mes lèvres ainsi qu’un sanglot.

J’évoquai l’heure déjà lointaine où je la vis pour la première fois, et le frisson qui me parcourut lorsque mes yeux rencontrèrent ses yeux d’acier mortel, ses yeux aigus et bleus comme une lame. J’eus l’obscure prescience que cette femme m’intimait l’ordre du destin, et que son visage était le visage redouté de mon Avenir. Je sentis près d’elle les vertiges lumineux qui montent de l’abîme, et l’appel de l’eau très profonde. Le charme du péril émanait d’elle et m’attirait inexorablement.

Je n’essayai point de la fuir, car j’aurais échappé plus aisément à la mort.

Nous partîmes ensemble vers le Bois des soirs d’hiver. Mes yeux étaient éblouis de neige. Toute cette clarté semblait fleurir des épousailles irréelles. C’était autour de nous et en nous une chasteté nuptiale, une volupté blanche.

Je lui parlai très bas, d’une voix où défaillaient toutes les épouvantes du premier amour :