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Page:Vivien - Une femme m’apparut, 1904.djvu/144

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UNE FEMME M’APPARUT…

pris, je réclame au moins en faveur des femmes de lettres la même politesse élémentaire que l’on accorde aux demi-mondaines de grande marque.

— C’est que la femme de lettres a infiniment moins de modestie que la courtisane, » hasardai-je. « L’une ne vend que son corps à un nombre en somme restreint d’individus, l’autre vend son âme, tirée à des milliers d’exemplaires. L’âme nue est plus impudique que le corps dévoilé.

— Vous êtes aussi stupide que les gens qui m’écrivent. Je ne conçois pas de pire insulte à jeter à la tête de quelqu’un. Que l’on imprime sur mon œuvre tout ce que l’on voudra, je n’y vois aucun inconvénient, mais qu’on m’adresse d’agréables facéties dans ce genre !… »

Elle déplia, en riant, une lettre :

Mademoiselle,

Je regrette de ne point trouver dans votre œuvre la trace d’une influence masculine. Se rapprocher de la nature, n’est-ce point la plus