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UNE FEMME M’APPARUT…

portance qu’il n’en a dans la réalité. La plupart des jeunes Américaines, je vous l’ai dit cent fois déjà, se promettent en mariage à droite et à gauche sans la moindre intention d’accomplir ce sacrifice. C’est un prétexte à baisers sur les lèvres, rien de plus, et, en Amérique, le baiser sur les lèvres n’a guère plus de gravité qu’un baiser sur la joue en France. Entre sœurs et entre amies, — sans équivoque ! — on s’embrasse à pleine bouche… Vally ne fait que suivre les usages de son pays natal. Elle a déjà eu treize fiancés, et c’est sans doute afin de ne point s’arrêter sur ce chiffre fatidique qu’elle en a élu un quatorzième… »

San Giovanni hésita un instant.

« Je vous en prie, obtenez de notre fantasque Morgane la promesse de bannir cet homme de son intimité. Je ne prononcerai pas le mot démodé et ridicule de compromission. On ne compromet plus les jeunes filles, Dieu merci ! Elles seules peuvent se compromettre en allant vivre maritalement avec un monsieur, ou en devenant enceintes… Vally ne se donnera jamais à