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UNE FEMME M’APPARUT…

les choses réelles, j’aime surtout les ténèbres fraîches.

Je hais la vie. Je ne sais ni comment, ni pourquoi j’existe encore.

Tout ce que j’écris est inutile, faible, impuissant impuissant comme ma pensée, faible comme mon cœur, inutile comme ma vie. Je me réjouis au souvenir de la fin d’Ione. Je triomphe de la certitude de son repos. Elle ne souffre plus de l’oppression de vivre, elle n’est plus qu’un parfum errant au fond de la nuit, un peu de sève dans un brin d’herbe…

La douleur ! Ah ! la banalité, ah ! la monotonie de la douleur ! Elle est vulgaire, puisqu’elle appartient à tous. Elle est la prostituée sans grâce que la foule possède. De l’avoir connue, il me reste une lassitude où se mêle une nausée.

Vally ! elle a de divins sourires d’âme, et des larmes inespérées. Mais elle a surtout des cruautés implacables. Je veux l’aimer comme on aime une Morte. Je veux ne plus songer qu’à l’Incomparable qui est en elle, à la langueur fébrile de nos rares baisers, à la tristesse des heures attendries.