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Page:Vivien - Une femme m’apparut, 1904.djvu/201

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UNE FEMME M’APPARUT…

nant, il ruisselle du sang héroïque des géants… Oh ! il est pavoisé de pourpre… Il est comme un vaste tapis de violettes… Non, non, il est plus vert que l’Océan par un soir printanier… Que c’est beau, et que je suis heureuse ! »

Ses paupières battaient fébrilement. Ses yeux éblouis cherchaient les miens pour y surprendre le reflet de sa joie. Je riais comme elle, je riais de son rire. En vérité, nous avions l’âme légère de deux enfants.

… Mais, lorsque la dernière fusée s’éteignit, ma gaieté s’éteignit avec elle. Nous rentrâmes par une avenue de grands chênes séculaires.

« J’ai presque peur de ces arbres, » frissonna Dagmar. « Ils sont plus hauts que la voûte d’une cathédrale gothique. J’aurais peur, grand’peur, j’aurais tout à fait peur si tu n’étais pas là… »

Elle se blottissait contre moi, en un geste frileux et charmant. J’aurais voulu l’emporter très loin, l’étendre sur un lit doux comme une couche de malade, étroit comme un berceau,