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UNE FEMME M’APPARUT…

et brûler de baisers intolérables ses fragiles pieds nus.

« N’êtes-vous point lasse, Dagmar ? »

Elle me regarda, de ses yeux de page effronté :

« Un peu. »

Le rire lumineux de ses prunelles démentait ses paroles. Nous nous assîmes sur un banc de marbre que l’ombre recouvrait, épaisse et tiède autant que la mousse.

Irrésistible à l’égal d’un instinct, le désir de frôler cette chair virginale m’étreignit puissamment. Je me rapprochai d’elle.

« Jolie, ah ! trop jolie, pourquoi ai-je tant d’angoisse en vous aimant ? »

Elle ne s’étonna point, ne s’offensa point. Elle ne dégagea point sa main, d’une blancheur candide.

« Je ne vous comprends pas… D’ailleurs, je n’ai jamais pu vous comprendre. Vous êtes un être bizarre et complexe… »

À ce moment, je sentis en moi l’élan primitif des petits garçons simiesques et cruels, qui s’amusent à meurtrir et à terrifier une colom-