Aller au contenu

Page:Vivien - Une femme m’apparut, 1904.djvu/225

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
236
UNE FEMME M’APPARUT…

expiraient des chrysanthèmes mêlés aux feuilles mortes. Les plis mélancoliques de sa robe tombaient autour d’elle. Elle était enchâssée de vitraux plus splendides que l’arc-en-ciel et que le couchant… Je songeai que, jadis, dans une ville où j’avais l’âme douloureusement blessée par le bruit, j’avais murmuré son nom mystique, son nom de sainte. Et, soudain, une envolée de cloches aériennes plana au-dessus du tumulte des rues discordantes. Le carillon pieux chantait son nom, le clamait, le jetait aux vents : Éva ! Éva ! Éva !

… Elle vint à moi. Nulle vaine parole ne brisa le charme du mystère. Je la comprenais et elle me comprenait également.

« Ma douce Automne, ma chère Automne, » bégayai-je enfin.

Je crus que nous étions, Elle et moi, debout sur le seuil de l’éternité. Les invisibles verrières jetaient autour d’elle une gloire si miraculeuse que je ne pus en soutenir l’éclat. Un merveilleux espoir, vaste comme la tristesse, se levait dans mon cœur.