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Page:Vivien - Une femme m’apparut, 1904.djvu/224

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UNE FEMME M’APPARUT…

fait à mon réveil. Je ne redoutais plus le soleil entrant par la fenêtre ouverte, ni le parfum de glycines qui montait du jardin.

Je me demandai très bas quelle douceur inconnue dissipait ainsi le souffle pestilentiel de Notre-Dame des Fièvres. Et, en regardant au dehors, je m’aperçus que l’été venait de fuir devant l’automne.

L’apaisement des fleurs fanées s’infiltrait en moi. J’errai près de l’eau, où se trempaient les chevelures rousses des saules. Je contemplai les chrysanthèmes dont les nuances attristées s’harmonisaient avec les feuillages flétris. Des arbres, plus beaux d’être nus, tordaient leur délicate ossature d’hiver.

La consolation de l’automne me rendait l’univers moins intolérable. J’avais une âme d’agonisant qui se réjouit de mourir. Avec une attente incertaine, je levai les yeux. Et devant moi, sereine de la sérénité d’octobre, j’aperçus Éva.

Elle paraissait l’incarnation même de l’automne. Dans ses longues mains de martyre