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Page:Vivien - Une femme m’apparut, 1904.djvu/230

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UNE FEMME M’APPARUT…

tomberont aux mains d’autres qui les posséderont aussi entièrement que nous les avons possédés. »

Elle se tut, et, malgré la mélancolie de ses paroles, il régna entre nous un silence heureux.

Soudain, les lèvres d’Éva se plissèrent d’une légère contraction.

« Il me semble voir s’attrister au fond de ton regard l’ombre de Vally, » s’inquiéta-t-elle.

Sa voix frissonnait d’un peu d’angoisse en prononçant le nom de mon Passé.

Malgré la douceur confiante dont j’avais l’âme imprégnée, je pâlis à cette évocation. Les yeux dans les yeux d’Éva, je répondis à sa pensée.

« J’ai trouvé la paix, Éva, mais je n’ai point encore trouvé l’oubli. Lorsqu’on a aimé un être comme j’ai aimé cette femme, il ne peut jamais vous devenir indifférent. Jamais on ne peut abolir en soi le Passé qui fit incomparablement souffrir.

— Tu as raison, » soupira longuement Éva.

Elle hésita, puis reprit :

« L’heure est très grave. De l’inconnu entre,