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UNE FEMME M’APPARUT…

Pareille à l’équivoque San Giovanni de Lionardo, à l’Androgyne dont le sourire italien éclaire si étrangement la galerie du Louvre, une amie de Vally écoutait ma Loreley développer sa théorie sur l’Imitation dans l’Art.

San Giovanni était poète. Ses strophes étaient aussi perverses que son sourire. Sa renommée ne s’étendait point au delà d’un cercle très restreint de lettrés et d’artistes. En revanche, sa loyale impudeur scandalisait également les bourgeois et les écrivains. Seuls, quelques Ikônoklastes la vénéraient pour son audace. Ses volumes portaient des titres évocateurs de voluptés ambiguës Sur le Rythme Saphique, Bona Dea et Les Mystères de Cérès Éleusine.

« L’imitateur est presque toujours mieux doué que le créateur, » disait Vally, sous les regards approbatifs de San Giovanni. « Ainsi le reflet est plus beau que la couleur et l’écho est plus doux que le son. Shakespeare est le merveilleux écho de Boccace, l’écho des montagnes qui amplifie la voix, et la divinise en la prolongeant jusqu’à l’infini. »