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UNE FEMME M’APPARUT…

viendrai comme un oiseau de proie, et je te saisirai de mes griffes de fer, qui te meurtriront peut-être, mais qui t’emporteront vers des altitudes infinies, vers des aires auxquelles ces amantes des jours et des nuits, avec leur douceur et leurs petites plaintes, ne sauraient atteindre ni t’élever. »

Jamais elle ne m’avait parlé de cette voix de mélancolie et de regret. Je reculai dans l’ombre.

« Vally… Vally…

— Je serai tout autre et mieux, ah ! tu verras ! Déjà, j’ai changé un peu… je le crois du moins. Je n’ai peur que des terribles sommeils. Je n’ai peur que des mortels oublis. La Mort est moins effroyable que la Métamorphose…

— Et pourtant, tu as changé toi-même, dis-tu…

— J’ai besoin de toi plus que je n’aurais cru, et autrement. J’ai besoin de toi… »

Les fleurs de tabac pâlissaient mortellement dans l’ombre. Leur souffle endormait ma raison et ma conscience. Les parfums nocturnes étaient si puissants qu’ils triomphaient de tout