Page:Vivien - Une femme m’apparut, 1904.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
17
UNE FEMME M’APPARUT…

énigme est la perpétuelle angoisse des âmes. Nous espérons en silence le triomphe définitif du Principe Femelle, c’est-à-dire du Bien et du Beau, sur le Principe Mâle, c’est-à-dire sur la Force Bestiale et la Cruauté. »

Ione considérait fixement ses longues mains, de la couleur des anciens ivoires. C’était, chez elle, une habitude maladive de contempler ses mains, pendant des heures. Elle souriait, sans me répondre. Oh ! la tristesse du sourire d’Ione, plus angoissant que les larmes les plus amères !

… La voix de San Giovanni me rappela brusquement à la réalité. Elle défendait ses plus chères théories contre Pétrus qui, avec des clignements d’yeux libertins, discutait les vers d’Alcée à Psappha :

Tisseuse de violettes, chaste Psappha au sourire de miel, des paroles me montent aux lèvres, mais une pudeur me retient.

« Pourquoi chaste ? » interrogeait-il. « L’immortelle Amoureuse ne fut rien moins que chaste.