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UNE FEMME M’APPARUT…

— Je vous plains, » interrompit l’Androgyne, « de ne point concevoir un amour à la fois ardent et pur, comme une flamme blanche. Tel fut celui que Psappha voua jadis à ses Amantes mélodieuses. Cet amour, évocateur de la Beauté dans ce qu’elle a de plus suave et de plus délicat, n’est-il pas mille fois plus chaste que les solitudes claustrales où s’exaspèrent les songes obscènes et les monstrueux désirs ? N’est-il point mille fois plus chaste que cette cohabitation fondée sur l’intérêt qu’est devenu le mariage chrétien ? Que peut-on rêver de plus radieusement chaste que cette école de vierges fondée par une vierge, cette école de Mytilène où Psappha enseignait l’art complexe de la musique et des strophes ? En un temps où, seules, les courtisanes recueillaient pieusement les belles harmonies, cette enfant de noble naissance osa se consacrer tout entière au culte divin des Chants.

— Psappha fut certes la grande Méconnue et la grande Calomniée, » songea Vally. « N’a-t-on point confondu cette vierge et cette eupatride