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UNE FEMME M’APPARUT…

cieux. Je les aimais comme des pierreries. Et, pendant les couchers de soleil, je me sentais triste jusqu’à l’âme. Je suis toujours triste à la tombée du soir. Et, parfois, l’aurore me glace ainsi qu’un pressentiment.

« La solitude m’a rendu songeur. Je m’assois souvent dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort. Je pense alors à tout ce que nous ne connaissons pas.

« D’inexplicables épouvantes me traversent, à de certaines heures. Si je savais ce que je redoute, je n’aurais plus peur. Je n’ose plus bouger. Je me ramasse sur moi-même, tels les enfants qui se blottissent sous les couvertures. L’horreur de l’Inconnu chavire ma pensée… Alors, pendant un temps très long, je reste immobile, regardant devant moi sans avoir le courage de tourner la tête à droite ou à gauche. C’est terrible d’avoir peur sans savoir pourquoi.

« Je n’ai jamais fait de mal à personne. J’ai aimé très purement une jeune fille… Ses yeux ne se plissaient jamais, lorsqu’elle riait ardem-