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UNE FEMME M’APPARUT…

vanni, » m’intéressai-je. « Vous êtes la floraison bizarre d’une sève inconnue. Je mets une âpreté réfléchie à éclaircir les causes obscures dont vous êtes l’effet si paradoxal. »

San Giovanni se mira dans le passé. Ses yeux se perdaient, comme les yeux qui cherchent leur image lointaine en une source mystérieusement profonde.

« Je m’étonne moi-même de mon étrange enfance, » réfléchit-elle. « Ce fut une germination de solitaire, une enfance à l’écart des autres, presque en dehors des êtres. Lorsque des passants m’admiraient avec de sots attendrissements, je me reculais au fond de mon instinctif mépris, ainsi qu’on se pelotonne au fond de l’ombre ramassée. Tandis que mes compagnes recueillaient complaisamment les adulations et les caresses, je regardais ces intrus de mes yeux devenus méchants, où déjà s’allumait une petite haine. »

Elle s’arrêta, pour donner à ses mots plus de poids convaincant.

« Pendant mes premières années, je n’ai