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Page:Vivien - Une femme m’apparut, 1905.djvu/184

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le flot immobile où dormaient les nénuphars, et coururent, diaphanes. Je les suivis des yeux. Un saule pleureur s’inclinait, comme pour chercher dans l’eau le reflet oublié d’une image disparue.

J’aperçus, venant à moi, deux femmes qui marchaient lentement. L’une était vêtue d’un vert smaragdin et portait une palme. Ses cheveux, d’un roux brun, coulaient sur ses épaules. La seconde était vêtue de pourpre sombre. Elle tenait une cithare. Ses cheveux, de la couleur du lin roui, étaient emprisonnés dans un réseau d’or.

Toutes deux étaient accoutrées selon une mode très ancienne. Leurs chaussures pointues étaient brodées de dessins bizarres. Ces broderies d’or étincelaient à travers l’herbe.

Elles passèrent devant moi sans tourner la tête, sans m’adresser une parole. Leur regard était si distrait que je n’osai les arrêter.