Page:Vivien - Une femme m’apparut, 1905.djvu/219

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Je crus que nous étions, elle et moi, debout, sur le seuil de l’éternité. Les invisibles verrières jetaient autour d’elle une gloire si miraculeuse que je ne pus en soutenir l’éclat. Un espoir vaste autant que la tristesse se levait dans mon cœur.

Elle ne me répondit que par son grave sourire.

Je ne sais pourquoi l’image de Dagmar, ce poème de porcelaine, se dressa entre nous avec son charme inquiétant de fragilité.

Une angoisse plus terrible que toutes les angoisses humaines m’étreignit à ce moment. Mes prunelles s’attachèrent sur les prunelles d’Éva, lointaines et grises et comme vues à travers des fumées d’encens.

Je répétai les paroles d’hier :

« Ne crains-tu rien, Éva ?

— Je ne crains rien, » dit-elle.

Ce fut un murmure d’orgue au fond des chapelles crépusculaires…