Page:Vivien - Une femme m’apparut, 1905.djvu/54

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prières. Et je mets les miennes entre ses mains… Il y a toujours, dans toutes les chapelles, une femme qui pleure aux pieds de la Madone. Je suis cette femme-là. Je n’entends point ceux qui passent et me frôlent. Je demeure abîmée dans ma tristesse et dans mon espérance.

— Dans quelle espérance, Ione ? »

Elle hésita.

« Il me semble alors… il me semble en vérité que je crois…

— Comment peux-tu croire, Ione, devant la souffrance des êtres ? »

Elle entr’ouvrit les lèvres, hésitante, puis continua :

« J’interroge la Vierge muette et qui a l’air de me prendre en pitié, moi aussi. J’ai ma part de son universelle compassion. L’encens monte vers elle, emportant mon âme. Je suis agenouillée et perdue dans le crépuscule, — une petite ombre parmi toute cette ombre. Je me