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Page:Vivien - Une femme m’apparut, 1905.djvu/73

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« Encore une passante en qui j’ai cru reconnaître celle que je cherche ! Une rancœur ajoutée à tant d’autres, une désillusion de plus ! Et l’effroi de voir, se traînant à leur suite, l’indifférence et l’inévitable ennui ! Mon cœur se desséchera-t-il un jour de lassitude et de dégoût ? »

Puis, se reprenant :

« Je vous évoquerai si cruellement, lorsque viendra la lourde saison des récoltes et des vendanges ! Que je la hais, cette heure où tout amour porte son fruit ! Les feuillages n’ont plus de fraîcheur, ni les fleurs de virginité. La terre est assagie, et la fécondité l’emporte sur l’amour. Rien n’est plus vibrant ni chaste : l’univers est repu de baisers et de grappes. Alors… alors je chercherai vainement en moi l’image de votre printemps sacrifié. »

D’un geste souverain, elle attira la jeune fille et lui donna le baiser d’adieu.

« J’aurais pu vous aimer… » chuchota Lorély.