Page:Vivien - Une femme m’apparut, 1905.djvu/75

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cette mort me gagne peu à peu. Demain, — qui sait ? — je parlerai d’amour sans frissons et sans souvenirs. Je serai semblable à une vieille encore jeune qui aurait oublié, à force de ne plus la vivre, — ou de la vivre autrement, — sa jeunesse. Je serai lasse d’aimer, je serai morte… »

La petite vierge noua ses bras fragiles autour du cou de Lorély, et promit, dans un souffle :

« Je romprai mes fiançailles… Je ne l’aime point, cet homme rude… Je n’aime que toi… »

Avec violence, Lorély l’attira vers elle. Sa voix chantait victorieusement :

« Une joie élémentale et pareille aux marées m’entraîne vers toi, m’emporte vers notre bonheur… Ah ! je sens que j’aime enfin ! que je t’aime… oui, que je t’aime… »