Page:Vivien - heure mains jointes 1906.djvu/76

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Quant à moi, j’ai chanté… Nul écho ne s’éveille
Dans vos maisons aux murs chaudement endormis.
Je m’en vais sans colère et sans haine, pareille
À ceux-là qui n’ont point de parents ni d’amis.

Je ne suis point de ceux que la foule renomme,
Mais de ceux qu’elle hait… Car j’osai concevoir
Qu’une vierge amoureuse est plus belle qu’un homme,
Et j’ai cherché des yeux de femme au fond du soir.

Ô mes chants ! nous n’aurons ni honte ni tristesse
De voir nous mépriser ceux que nous méprisons…
Et ce n’est plus à la foule que je m’adresse…
Je n’ai jamais compris les lois ni les raisons…

Allons-nous-en, mes chants dédaignés et moi-même…
Que nous importent ceux qui n’ont point écouté ?
Allons vers le silence et vers l’ombre que j’aime,
Et que l’oubli nous garde en son éternité…