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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/101

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ses coups contre une manifestation partielle et imparfaite du gouvernement ecclésiastique, et non contre le principe de l’Église visible. Même pour le parti le plus avancé de nos vieux croyants, une Église réelle et organisée est tellement indispensable que, privés d’elle, ils se croient déjà sous le règne de l’antéchrist. Abstraction faite de l’ignorance qui les conduit à prendre la Russie pour l’univers, on trouve du fond de toutes ces erreurs bizarres l’idée ou le postulatum d’une Église indépendante de l’État et intimement liée à toute la vie sociale et privée du peuple, d’une Église libre, puissante et vivante. Et si, en voyant l’Église officielle — russe et grecque — sans indépendance et sans force vitale, nos dissidents déclarent qu’elle n’est pas la vraie Église du Christ, ils sont complètement dans leur tort.

La vérité négative du rasskol reste inébranlable. Ni les persécutions sanglantes des siècles passés, ni l’oppression bureaucratique moderne, ni la polémique officielle de notre clergé n’ont de prise sur cette thèse irréfutable : Il n’existe pas de gouvernement vraiment spirituel dans l’Église gréco-russe. Mais la vérité de notre protestantisme national ne s’étend pas plus loin. Dès que les vieux croyants, abandonnant la simple négation, prétendent ouvrir une issue quelconque à leurs besoins religieux et réaliser leur idéal ecclésiastique, ils tombent dans des contradictions et des absurdités manifestes qui