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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/188

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objectif la pierre de l’Église est ainsi le Christ lui-même, la vérité incarnée. Mais pour être réellement fondée sur la vérité, l’Église, comme société humaine, doit être réunie à cette vérité d’une manière déterminée.

Puisque la vérité n’a pas d’existence immédiatement manifeste et extérieurement obligatoire dans ce monde des apparences, l’homme ne peut se réunir à elle que par la foi qui nous rattache à la substance intérieure des choses et présente à notre esprit tout ce qui n’est pas visible extérieurement. On peut donc affirmer, du point de vue subjectif, que c’est la foi qui constitue la base ou la « pierre » de l’Église. Mais quelle foi ? La foi de qui ? Le simple fait d’une foi subjective chez telle ou telle personne ne suffit pas. La foi privée la plus forte et la plus sincère peut nous mettre en rapport non seulement avec la substance invisible de la vérité et du souverain Bien, mais aussi avec la substance invisible du mal et du mensonge, ce qui est abondamment prouvé par l’histoire des religions. Pour être vraiment rattaché par la foi à son objet désirable — la vérité absolue, — il faut être conforme à cette vérité.

La vérité de l’Homme-Dieu, c’est-à-dire l’unité parfaite et vivante de l’absolu et du relatif, de l’infini et du fini, du Créateur et de la créature — cette vérité par excellence ne peut se borner à un fait historique, mais elle révèle, au moyen de ce fait, un principe universel qui contient tous les