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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/189

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trésors de la sagesse et embrasse tout dans son unité.

La vérité objective de la foi étant universelle, et le véritable sujet de la foi devant être conforme à son objet, il suit que le sujet de la vraie religion est nécessairement universel. Ce n’est pas à l’homme individuel et isolé, c’est à l’humanité entière dans son unité que peut appartenir la vraie foi ; et l’individu ne peut y participer que comme un membre vivant du corps universel. Mais l’unité réelle et vivante du genre humain n’étant pas immédiatement donnée dans l’ordre physique, elle doit être créée dans l’ordre moral. Les bornes de l’individualité finie qui s’affirme exclusivement, les bornes de l’égoïsme naturel, doivent être brisées par l’amour pour rendre l’homme conforme à Dieu qui est l’amour. Mais cet amour qui doit transformer les fractions discordantes du genre humain en une unité réelle et vivante — l’Église Universelle — cet amour ne peut pas être un sentiment vague, purement subjectif et impuissant : il faut qu’il se traduise par une action constante et déterminée qui donne au sentiment intérieur une réalité objective. Quel est donc l’objet réel de cet amour actif ? L’amour naturel, ayant pour objet les êtres qui nous sont le plus proches, crée une unité collective réelle — la famille ; l’amour naturel plus étendu, qui a pour objet tous les gens d’un même pays et d’une même langue, crée une unité collec-