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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/215

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l’adhésion libre de la foi et de l’amour dans l’homme à la Vérité et à la Grâce de Dieu, — Jésus-Christ choisit le moment où Il arriva avec ses disciples aux confins de la Césarée de Philippe — de cette ville qu’un esclave des Césars a dédiée au génie de son maître ? Est-ce encore un effet du hasard que, pour donner la dernière sanction à son œuvre fondamentale, Jésus choisit les environs de la Tibériade et, en face des monuments qui parlaient du maître actuel de la fausse Rome, consacra le maître futur de la vraie Rome en lui indiquant le nom mystique de la cité éternelle et le principe suprême de Son nouveau Royaume : Simon bar Jonâ, m’AIMES-tu plus que ceux-là ?

Mais pourquoi l’Amour vrai qui ne connaît pas d’envie et dont l’unité n’a rien d’exclusif, pourquoi doit-il se concentrer en un seul et revêtir dans son œuvre sociale la forme monarchique de préférence à toutes les autres ?

Comme il ne s’agit pas de la Toute-Puissance de Dieu, qui pourrait imposer extérieurement la vérité et la justice aux hommes, mais de l’amour divin auquel l’homme participe par une adhésion libre, l’action directe de la divinité doit être réduite au minimum. Elle ne peut être tout à fait supprimée puisque tout homme est mensonge et qu’aucun être humain, tant individuel que collectif, abandonné à ses propres moyens, ne saurait se maintenir dans un rapport constant et progressif