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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/216

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avec la Divinité. Mais l’Amour fécond de Dieu réuni à la Sagesse divine quæ in superfluis non abundat, pour assister l’infirmité humaine tout en laissant agir les forces de l’humanité, choisit la voie dans laquelle l’action unifiante et vivifiante de la vérité et de la grâce surnaturelles sur la masse de l’humanité rencontre le moins d’obstacles naturels et trouve un milieu social extérieurement conforme et adapté à la manifestation de la vraie unité. Cette voie qui facilite l’union divino-humaine dans l’ordre social, en formant dans l’humanité elle-même un organe central unifiant, est la voie monarchique. Pour produire chaque fois de nouveau une unité spontanée sur la base chaotique des opinions indépendantes et des volontés discordantes, il faudrait chaque fois une nouvelle action immédiate et manifestement miraculeuse de la Divinité, une opération ex nihilo qui s’imposerait aux hommes et les priverait de leur liberté morale. Comme le Verbe divin n’est pas apparu sur la terre dans Sa splendeur céleste, mais dans l’humilité de la nature humaine ; comme aujourd’hui encore pour se donner aux croyants Il revêt l’humble apparence des espèces matérielles, de même Il n’a pas voulu gouverner la société humaine directement par sa puissance divine, mais Il a préféré employer comme moyen régulier de son action sociale une forme d’unité déjà existante dans le genre humain — la monarchie universelle. Il fallait seu-