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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/259

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Depuis le IVe siècle, la partie hellénisée de l’Église souffrait de la rivalité et de la lutte continuelle entre deux centres hiérarchiques : l’ancien patriarcat d’Alexandrie et le nouveau — de Constantinople. Les phases extérieures de cette lutte dépendaient principalement de la position que prenait la cour de Byzance ; et si nous voulons savoir par quoi était déterminée cette position du pouvoir séculier à l’égard des deux centres ecclésiastiques de l’Orient, nous constatons un fait remarquable. On pourrait croire a priori que l’Empire byzantin avait, au point de vue politique, à choisir entre trois lignes de conduite : ou bien il soutiendrait le nouveau patriarcat de Constantinople comme sa propre création qui se trouvait toujours entre ses mains et ne pouvait jamais parvenir à une indépendance durable ; ou bien le césarisme byzantin, pour ne pas avoir à réprimer chez soi les tendances cléricales et pour s’affranchir d’un lien trop étroit et trop importun, pouvait préférer avoir le centre du gouvernement ecclésiastique quelque part plus loin, mais toujours dans la sphère de sa puissance ; et dans ce but il trouverait bon de soutenir le patriarcat d’Alexandrie qui satisfaisait à ces deux conditions et avait en outre pour appuyer sa primauté relative (sur l’Orient) la raison traditionnelle et canonique ; ou bien enfin le gouvernement impérial choisirait le système de l’équilibre en protégeant tantôt l’un, tantôt l’autre des sièges rivaux,