Aller au contenu

Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/53

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jesté sacrée de l’Empereur. Comme dans l’idée confuse des Ariens le Christ était un être hybride, plus qu’un homme et moins qu’un Dieu, de même le césaro-papisme — cet arianisme politique — confondait sans les unir la puissance temporelle et la puissance spirituelle et faisait de l’autocrate plus qu’un chef d’État, sans pouvoir en faire le vrai chef de l’Église.

On sépara la société religieuse de la société profane, en confinant la première dans les monastères et en abandonnant le forum aux lois et aux passions païennes. Le dualisme nestorien, condamné en théologie, devint la base même de la vie byzantine. D’un autre côté, on réduisit l’idéal religieux à la contemplation pure, c’est-à-dire à l’absorption de l’esprit humain dans la divinité — idéal manifestement monophysite. Quant à la vie morale, ou lui ôta sa force active en lui imposant comme idéal suprême la soumission aveugle au pouvoir, l’obéissance passive, le quiétisme, c’est-à-dire la négation de la volonté et de l’énergie humaines — hérésie monothélite. Enfin, dans un ascétisme outré, on essaya de supprimer la nature corporelle, de briser l’image vivante de l’incarnation divine — application inconsciente, mais logique, de l’hérésie iconoclaste.

Cette contradiction profonde entre l’orthodoxie professée et l’hérésie pratiquée était un principe de mort pour