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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/54

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l’empire byzantin. C’est là la vraie cause de sa ruine. Il était juste qu’il pérît et il était encore juste qu’il pérît par l’Islam. L’Islam, c’est le byzantinisme conséquent et sincère, délivré de toute contradiction intérieure. C’est une réaction franche et complète de l’esprit oriental contre le christianisme, c’est un système où le dogme est intimement lié aux lois de la vie, où la croyance individuelle est en parfait accord avec l’état social et politique.

Nous savons que le mouvement antichrétien se manifestant par les hérésies impériales avait abouti au VIIe et au VIIIe siècles à deux doctrines, dont l’une (celle des monothélites) niait indirectement la liberté humaine et l’autre (celle des iconoclastes) rejetait implicitement la phénoménalité divine. L’affirmation directe et explicite de ces deux erreurs constitua l’essence religieuse de l’Islam, qui voit dans l’homme une forme finie sans aucune liberté et dans Dieu une liberté infinie sans aucune forme. Dieu et l’homme étant fixés ainsi aux deux pôles opposés de l’existence, il n’y a plus de filiation entre eux, toute réalisation descendante du divin et toute spiritualisation ascendante de l’humain sont exclues ; et la religion se réduit à un rapport purement extérieur entre le créateur tout-puissant et la créature privée de toute liberté et ne devant à son maître qu’un simple acte de dévouement aveugle (c’est là le sens du mot arabe islam). Cet acte de