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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/80

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à l’humanité, qui détermine et développe les formules de la vérité éternelle pour les opposer aux transformations continuelles de l’erreur ? Où est l’Église qui travaille à réformer toute la vie sociale des nations selon l’idéal chrétien, et à les mener vers le but suprême de la création, — l’union libre et parfaite avec le Créateur ?

Les partisans d’un ascétisme exclusif devraient se souvenir que l’Homme Parfait n’a passé que quarante jours dans le désert ; les contemplateurs de la lumière du Thabor ne devraient pas oublier que cette lumière n’est apparue qu’une seule fois dans la vie terrestre du Christ, qui a prouvé, par son exemple, que la vraie prière et la vraie contemplation ne sont qu’un appui de la vie active. Si cette grande Église, qui ne fait que prier pendant des siècles, n’a pas prié en vain, elle doit se manifester comme une Église vivante qui agit, qui lutte et qui triomphe. Mais il faut que nous le voulions bien nous-mêmes. Il nous faut avant tout reconnaître l’insuffisance de notre idéal religieux traditionnel, et faire des efforts sincères pour réaliser une conception plus complète du christianisme. Il n’est pas besoin de rien inventer et de rien créer pour cela. Il ne s’agit que de rendre à notre religion son caractère catholique ou universel, en nous reconnaissant solidaires de la partie active du monde chrétien, de cet Occident centralisé et organisé pour une action universelle et possédant