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Page:Vogüé - Cœurs russes, 1893.djvu/198

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geste de prendre l’inconnue pour l’aller ranger. Les mains de mon valet de chambre portaient la trace d’une lutte consciencieuse contre la poussière accumulée par les mois d’été sur le mobilier de Bukova. En voyant cette grosse main noire prendre brutalement au collet le délicat velours bleu, j’éprouvai je ne sais quelle sensation d’agacement.

— Finis donc ton ouvrage, Ivan, et ne va pas salir cette chose qui ne nous appartient pas ; c’est bon, tu la rangeras plus tard.

Le soir, Ivan revint à la rescousse. J’avais tracé le plan du premier chapitre de mon mémoire, et j’arpentais mon cabinet de ce pas irrégulier et distrait, si favorable au travail du cerveau. Chaque fois que je me rapprochais du bureau, mes yeux rencontraient la polonaise ; elle était couchée sur le divan dans la pénombre de la lampe, avec ces attitudes fantastiques et vivantes qu’ont le soir les