Page:Vogüé - Cœurs russes, 1893.djvu/20

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et nous commençâmes à causer de choses et d’autres. Michaïl Dmitritch P… était un homme d’un commerce agréable, supérieur au milieu où le sort l’avait jeté. Sa famille faisait bonne figure à Pétersbourg ; il avait grandi dans la capitale, voyagé au dehors et acquis une instruction solide dans les universités d’Allemagne. Après quelques années de service dans l’armée, il s’était poussé à la cour, vivant du meilleur air et contractant des amitiés brillantes. Mais, au décours de la seconde jeunesse, au moment de capitaliser ses chances de parvenir, il avait été pris de cet engourdissement qui saisit très souvent l’homme russe vers le milieu de la vie. C’est une torpeur critique, faite pour moitié de paresse et pour moitié de nihilisme philosophique ; les plus intelligents sont les plus sujets à cette rupture de la volonté, qui