Page:Vogüé - Cœurs russes, 1893.djvu/30

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Vous parlerai-je de l’histoire ? Je ne veux pas professer un cours : vous savez comme moi que nul peuple n’a été secoué par plus de mains et par des mains plus dures, que nul n’a subi autant de servitudes domestiques et étrangères, autant d’invasions qui ont déteint sur lui ; vous savez qu’il erre depuis longtemps, comme une grande épave, entre l’Europe et l’Asie. – Tenez, j’aime mieux vous dire ma théorie scientifique ; elle en vaut bien une autre. À mon sens, le Russe est le produit de la soupe qu’il mange. Vous la connaissez, la soupe nationale, vous vous la rappelez avec horreur ; on y trouve de tout, du poisson, des légumes, des herbes, de la bière, de la crème aigre, de la glace, de la moutarde, que sais-je encore ? des choses excellentes et des choses exécrables ; on ne devine jamais ce qu’un coup de sonde va ramener de là. Ainsi